05/01/2106 : Tout peut-il s'acheter ?

Tout bien ne peut s’acheter qu’autant qu’il a une valeur marchande. Sa valeur marchande est la valeur prise en considération pour son échange ; elle est exprimée par son prix.

Nous vivons dans une période historique où la valeur d’échange est devenue la principale valeur mise en avant dans la société mondialisée. À tel point que tout bien, pour être reconnu socialement, semble devoir être mis sur le marché et se voir attribuer un prix.

Ainsi, l’idéologie qui aujourd’hui domine le monde pousse à l’extension sans fin du domaine de la marchandise. Déjà nos capacités physiques et intellectuelles, nos compétences, ont un prix sur le marché de l’emploi. Mais le marché s’étend à des biens liés encore plus essentiellement à notre nature : organes, bébés, ventres maternels, séquences du génome humain, ne sont-ils pas l’objet d’échanges marchands ? Et l’on explore d’ores et déjà la possibilité de nous vendre une apparence sélectionnée, un cerveau augmenté, une jeunesse prolongée, etc.

Jusqu’où peut aller cette marchandisation des biens ?

Cette question ne pourra être éclairée que si nous discriminons les différentes notions en jeu. Qu’est-ce qu’un bien échangeable ? En quoi un échange de bien est-il économique ? Par quels caractères devient-il marchand ?

L’enjeu de cette analyse sera de faire apparaître d’autres valeurs d’attachement au bien que sa valeur marchande.

Il se pourrait alors que ce soit dans un choix de valeurs – qui impliquerait un certain type de rapport au monde – que résiderait notre capacité, ou non, de mettre fin à l’extension du domaine de la marchandise.

Pierre Jean DESSERTINE