31/01/2017 : Le progrès est-il soluble dans la prospérité économique ?



PROGRES ET PROSPERITE ECONOMIQUE


Copie de la présentation (diapos) : Progrès versus Prospérité économique



La notion de Progrès, née au XVI° siècle, débattue au XVII°, cristallisée à l’époque des Lumières, a structuré la pensée philosophique, économique et sociale aux XIX° et XX° siècles. Aux  « progressistes », ou partisans du Progrès comme idéal historique,  se sont opposés les « réactionnaires » pour lesquels le Progrès ne constitue qu’une décadence éloignant la société d’un âge d’or mythique.

Au sens le plus large du terme, le Progrès est un mouvement vers un « état de mieux être de l’Humanité » et peut se résumer en une maxime : « Nos enfants vivront mieux que nous ». Si, au cours du XIX° siècle et du début du XX°, cette notion recouvre différentes dimensions, elle se restreint au début du XXI° siècle à une dimension purement économique et consumériste, que recouvre le vocable de « Prospérité ».

Mais la Prospérité, horizon indépassable de nos sociétés, et la croissance économique, véhicule chargé de nous en rapprocher, sont- elles conciliables avec les autres dimensions du Progrès, et en particulier le progrès social ?


Du Progrès à la Prospérité économique ou l’histoire d’une désillusion.

La deuxième moitié du XX° siècle a été marquée par les désillusions des tenants du Progrès, sous des différentes formes.

Le Progrès, phénomène global, historique, linéaire, autoentretenu, inévitable,  s’est peu à peu rétréci à « des progrès » dans des domaines variés qui se regroupent souvent sous l’appellation plus vague de « Modernité ».

Dans le domaine de l’économie, le progrès n’est guère contesté et la période des Trente glorieuses est devenue la référence incontournable des sociétés occidentales d’abord, de l’ensemble de la planète à compter des années 1990. 

Cependant, ce modèle connait sa limite dans le dernier quart du XX° siècle. Le retour du chômage de masse, des crises financières et des inégalités croissantes des revenus et du patrimoine s’accompagne d’une mise en cause de la définition –jugée trop restrictive – des notions de croissance et de développement. Enfin la contestation écologique, s’appuyant sur l’évolution du climat, des ressources naturelles et de la diversité biologique prend de l’ampleur.





Modernisation économique  contre progrès social ?

C’est dans ce contexte qu’intervient le triomphe du modèle néo libéral, à partir des gouvernements Thatcher et Reagan. Il devient dominant dans la pensée économique anglo-saxonne d’abord, puis mondiale, dont il s’efforce d’éliminer toute contestation. C’est cette théorie qui sous-tend la volonté de « moderniser » nos économies.

Dans ce modèle, le marché, notamment financier, et l’entreprise jouent un rôle central pour retrouver la croissance. Les recettes pour atteindre la Prospérité sont simples et se résument à la « libération des forces vives du marché ». La mondialisation des marchés et des consommations est l’autre pilier de la modernisation.

Ce modèle néo libéral dominant connait quelques variantes  en fonction des spécificités des pays comme le montre l’analyse de différentes économies : USA, Royaume Uni, zone euro, Allemagne, France, pays émergents.

Les conséquences négatives de ce modèle sont aujourd’hui bien identifiées : croissance des inégalités, pillage de la planète, instabilité financière. Ainsi la recherche de la Prospérité se ferait au détriment des acquis sociaux, du moins dans les pays les plus développés.

Pourtant, faut-il suivre Margaret Thatcher selon laquelle « There is no alternative » (TINA) ? Quelques pistes sont esquissées par les critiques du néolibéralisme. Le retour à un capitalisme de la régulation suppose de règlementer les excès de la finance et de pratiquer, sur le marché du travail la « flexisécurité ». Pour d’autres (les objecteurs de croissance), il faut aller plus loin et donner à la croissance un contenu radicalement différent (« La décroissance »). 


En guise de conclusion

A l’heure où le système économique dominant montre aujourd’hui ses limites qui menacent l’existence même de l’humanité, faut-il abandonner définitivement la notion de Progrès  telle que conçue à l’époque des Lumières ? Renoncer à la Modernité et ses progrès partiels et localisés ? Ou « sauver le progrès » en redonnant un sens positif à une évolution historique prenant mieux les besoins humains et l’équilibre écologique de la Planète ?




Jean-Pierre Cendron
Économiste